Dans ma vie, j’ai beaucoup lu. Plein de livres, plein d’histoires, plein de personnages. Tellement de personnages qu’il m’était impossible de me souvenir de tous… mais je n’ai jamais oublié ma lecture de L’histoire d’Helen Keller, par Lorena A. Hickock. Plus je lisais, plus j’étais admirative de cette femme qui, coupée du monde dans son enfance, avait peu à peu réussi non seulement à communiquer, mais à dépasser et vaincre ses handicaps. Sa détermination, son courage, et l’amitié sans faille de Ann Sullivan qui lui a appris à parler en ont fait l’un de mes modèles. J’espère que, en lisant cet article, vous aussi aurez envie d’en découvrir plus sur cette femme et son incroyable histoire.
Résumé du livre
L’histoire d’Helen Keller est un roman biographique qui raconte le parcours d’une femme sourde et aveugle non diagnostiquée survenue à l’âge de 19 mois. Elle passe donc les premières années de sa vie dans les ténèbres et le silence sans aucune communication avec le monde extérieur, ses parents eux-mêmes ignorent de quel mal elle souffre jusqu’au jour où elle fait la rencontre de Ann Sullivan à l’âge de six ans.
Celle-ci la diagnostique et la sort de son univers de solitude en établissant une communication par le toucher.
Par la suite, elle lui apprend à lire, à parler et à écrire. Helen Keller étudie à la faculté de Radcliff Collège et devient la première personne handicapée à obtenir un diplôme. Elle crée une fondation pour personnes handicapées et milite au sein de mouvements socialistes et féministes. Elle écrit des essais politiques, des romans et des articles de journaux.
Cette épopée hors du commun est avant tout un témoignage d’admiration pour celle qui a réussi à se faire une place parmi le reste des hommes, privée des deux principales facultés que sont la vue et l’ouïe. D’autre part et surtout, pour celle qui a réussi à construire une passerelle reliant ce monde des ténèbres et de silence au reste du monde.
Helen Keller et Ann Sullivan sont donc une illustration parfaite du fait que la communication est l’élément essentiel dans la lutte contre l’exclusion des handicapés.
Une histoire qui force l’admiration
Vous l’aurez compris, Helen Keller n’est pas n’importe qui, à bien des égards. Ses handicaps physiques, déjà, en font une personnalité incomprise dans son enfance (ses parents lui passent tous ses caprices parce qu’ils ne comprennent pas ses colères noires, sa peur du monde extérieur). Mais c’est surtout sa détermination à apprendre qui en fait une personne extraordinaire : quand on lit ce livre, on se prend à apprendre avec elle la communication par le toucher, à être heureux.se quand elle découvre qu’elle peut donner des noms aux choses, quand par la suite elle apprend à lire, puis même à parler (qui aurait cru qu’une jeune fille sourde et aveugle puisse parler ?).
Je me souviens encore de mon admiration à chacun de ses progrès, de ma fierté en lisant qu’elle a prononcé un discours notoire à la convention internationale du Lions Clubs International en 1925, qui sera le point de départ d’une œuvre caritative pérenne pour les personnes atteintes de cécité. Combien de fois, alors que je lisais ce livre pourtant déjà si court au regard de toute une vie, je me disais qu’elle allait abandonner, que j’aurais déjà abandonné à sa place ? Et surtout combien de fois a-t-elle prouvé que j’avais tort de penser ainsi, par sa persévérance ?
Ce qui est également si touchant, c’est l’amitié sans faille d’Ann Sullivan, qui suivra Helen Keller de ses 6 ans à l’âge adulte, et qui mourra dans ses bras. Ann Sullivan, c’est une personne ordinaire qui a été mêlée à un destin extraordinaire… ou vice-versa. Car c’est grâce à sa patience, à ses dons pédagogiques et à son amitié qu’Helen peut enfin découvrir le monde. Pendant des années, le monde d’Helen est d’abord un monde “via Ann Sullivan” : elle est son intermédiaire, sa voix, ses yeux. Helen a réussi à dépasser ses handicaps parce qu’Ann était là : sans elle, son histoire n’aurait jamais été aussi belle. Ann est un soutien de l’ombre, mais on l’admire tout autant, car serions-nous restés toute notre vie auprès d’une seule femme, aveugle et sourde, en croyant dur comme fer qu’elle réussirait à communiquer ? C’est peut-être Ann qui résonne le plus avec notre expérience du handicap : elle est l’amie, la sœur, la mère, le soutien qui doit passer par une compréhension de ce que la personne en situation de handicap ressent, puis doit agir en conséquence. Et voir qu’une personne peut changer tant de choses pour une autre nous donne une vision rassurante et libératrice de nos destins humains.
Ce que cela nous dit du handicap
La première chose que l’on apprend en lisant Helen Keller, c’est que l’information et la communication sont cruciales quand on parle de handicap. En effet, les parents d’Helen Keller étaient complètement dépassés par le handicap de leur fille parce qu’ils ne le comprenaient pas. Ce qu’Ann Sullivan a su faire, c’est comprendre Helen, ses peurs et ses besoins, et surtout son besoin de communiquer. C’est en “s’écoutant” mutuellement qu’Ann et Helen parviennent ensemble à dépasser un handicap qui paraissait condamner Helen à un monde obscur. Dès lors, il est aussi de notre ressort de comprendre et tenter d’entrer en contact avec une personne handicapée sans préjugés, sans voir en la personne son “anormalité” mais bien une personne qui a des besoins, des rêves comme tout le monde !
La deuxième chose que l’on apprend, c’est l’importance de l’entourage, et d’un soutien sans faille. Peut-être parfois ce qui est le plus dur, il est crucial pour une personne en situation de handicap d’être bien entourée, comme a pu l’être Helen Keller, avec son amie de toujours Ann Sullivan. Ce n’est pas toujours facile, on l’imagine bien, car c’est un don de temps et de soi-même non négligeable… mais comme dans toute relation amicale/fraternelle/familiale/amoureuse, plus l’on donne, plus on nous le rendra. C’est en tout cas un message que fait aussi passer l’histoire d’Helen et de sa grande amie Ann, qui restera à ses côtés jusque dans la mort (puisque leurs urnes sont à côté l’une de l’autre). Prendre du temps pour l’autre, pour essayer de le comprendre, de le soutenir, c’est aussi s’offrir la chance de rencontrer une personne extraordinaire, qui pourra donner énormément en retour.
Pour conclure, Helen Keller est vraiment l’exemple d’une battante, qu’on ne peut qu’admirer. Son histoire pourtant ne nous paraît pas si lointaine : on connaît quelqu’un qui est en situation de handicap, ou bien la cause et son combat nous touchent, ou encore on voudrait trouver un moyen d’aider comme Ann Sullivan l’a aidée. Chaque histoire est singulière, mais le handicap est quelque chose qui nous concerne tous, car nous pouvons tous faire quelque chose pour aider les personnes qui en ont besoin à se sentir à leur place dans notre monde.
Quelques liens utiles :
Fédération nationale des sourds de France (FNSF)
Maison des associations de sourds de Lyon (MASL)
Fondation Valentin Haüy (pour les aveugles et malvoyants)
Claire de Montgolfier