Les souffrances du jeune Werther est un monument de la littérature allemande. Pourtant, faisant moins de 200 pages, ne reculez pas devant sa lecture ! En quelques heures à peine, vous pourrez enfin comprendre ce qu’est « l’effet Werther » et en quoi cet ouvrage a influencé les plus grands auteurs français, comme Balzac, Hugo et Musset.
Le premier roman de Goethe
« Les souffrances du jeune Werther » est le premier roman de Goethe, qui l’écrivit en 1774 alors qu’il avait à peine 22 ans ! Cet auteur est notamment connu pour avoir écrit « Faust » et pour les adaptations en Lied de ses poèmes, par Mozart, Schubert, Wagner etc. Ce roman épistolaire fut un véritable triomphe : à l’époque, il n’est pas seulement lu en Allemagne, mais dans toute l’Europe, ce qui est une des premières pour un roman allemand. Si ce roman fait un tel effet, c’est par son thème. C’est l’un des premiers livres à évoquer le suicide, sujet hautement tabou à l’époque…
Structure du roman / Spoiler Alert
Au début du roman, nous rencontrons le jeune Werther, heureux et lisant Homère. Il dessine, fait de nombreuses rencontres et est empli de désirs et de fougue Il vient de s’installer dans un nouveau village, W..
Mais le jeune homme rencontre Charlotte, et sa vie change du tout au tout… Alors qu’il sait qu’elle est promise à un autre, il s’éprend d’elle et ne peut plus s’en passer. Comprenant qu’il n’y aura jamais de place pour lui dans le couple constitué par Charlotte et Albert, il part à l’armée pour s’occuper l’esprit ailleurs. Ne trouvant aucun réconfort loin du couple, il revient vers eux et finit par sombrer dans la dépression et les crises de folie amoureuse … Il ne trouve aucune échappatoire, et le suicide semble la seule possibilité pour échapper à sa situation intenable. Suite aux deux premiers livres épistolaires, la troisième partie du roman est écrite par l’éditeur, qui explique comment et pourquoi Werther s’est donné la mort.
L’effet Werther
Après la publication du roman, une vague de suicide éclot en Europe. Pour cette raison, Madame de Staël dira que « Werther a causé plus de suicides que la plus belle femme du monde » : le roman fut interdit – en vain. En effet, il y avait une véritable « fièvre » autour de ce roman : les hommes s’habillaient comme Werther avec des costumes jaune et bleu, tandis que les jeunes femmes copiaient les robes rose et blanche de Charlotte.
Ainsi si certaines études démentent l’effet suicidaire de ce livre, il a donné lieu à une expression, « l’effet Werther », qui décrit les phénomènes où la médiatisation d’un suicide entraîne, par contagion, une vague de suicide. On a vu le même effet à la suite de la mort de Marilyn Monroe, ou encore de la série Netflix «13 reasons why. »
Conclusion
S’il peut sembler difficile à comprendre à l’Homme du XXIème siècle qu’un roman puisse déclencher une telle « fièvre », cet ouvrage permet au lecteur de se questionner sur l’effet qu’une lecture peut avoir dans la vie et les décisions prises par quelqu’un. Il permet également, en utilisant le point de vue interne, de voir « de l’intérieur » comment la fièvre amoureuse peut piéger l’esprit, pour devenir une véritable névrose. Enfin, il décrit en détails la manière dont le suicide finit par être envisagé par le protagoniste comme l’ultime solution pour mettre fin à la douleur et accéder, selon les mots de Werther, à une nouvelle vie.
Pour aller plus loin :
MOOC Le Suicide : identifier et prévenir – environ 7 heures
https://www.fun-mooc.fr/fr/cours/les-conduites-suicidaires-identifier-et-prevenir/
Adèle CLIQUETEUX