Camus contre Sartre : Un Juste peut-il avoir les mains sales ?

Albert Camus et Jean-Paul Sartre font partie des figures intellectuelles majeures du siècle dernier voire de l’histoire de la pensée dans son ensemble. Leurs différents travaux et réflexions ont eu une influence décisive sur notre manière de comprendre les hommes et le monde qu’ils habitent. Longtemps amis, l’histoire retient pourtant la rivalité féroce qui opposera les deux compagnons de boisson notamment sur la question de l’URSS et de la guerre d’Algérie. Cet article a pour but de revenir sur l’origine de la rupture entre les deux écrivains à travers l’étude de trois de leurs œuvres mais également de voir si le dualisme entre Camus et Sartre est aussi manichéen qu’on le prétend.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet il est important de revenir sur la philosophie des deux protagonistes. Sartre appartient au courant de l’existentialisme qu’il a importé en France et qu’il s’est réapproprié pour en créer une version qui lui est propre. Pour résumer grossièrement l’existentialisme sartrien est une philosophie du choix et de l’action. Un individu ne se définit que ce parce qu’il entreprend (et donc aussi parce qu’il n’entreprend pas). Partant du constat que le monde est absurde et délaissé d’accroche divine, cette philosophie rejette des notions abstraites comme les idéaux ou les valeurs morales. Sartre défend que la vie d’un homme ne puisse être jugée que par ses actions. C’est l’existence d’un homme qui finira par définir son essence. L’existentialisme sartrien eut un retentissement énorme en France notamment par son postulat d’absence de sens et de valeurs dans le monde qui plonge l’individu dans un dégoût nauséabond de l’existence tant qu’il reste passif.  Cette vision à priori pessimiste fut pointée du doigt à l’époque. Sartre fut accusé de promouvoir le suicide et d’encourager ses élèves à la dépression mais pourtant, comme on le verra plus loin, l’existentialisme sartrien est au contraire une philosophie qui prône le réveil de l’homme et qui l’invite à devenir maître de son existence plutôt que de se laisser abattre par les horreurs de son époque (rappelons que Sartre comme Camus développent leurs idées après les deux guerres mondiales et l’utilisation de la bombe atomique). Quant à Albert Camus, il est tout de suite plus compliqué de le ranger dans une école de pensée précise. S’il reprend des thèmes communs aux différents courants existentialistes, il rejette néanmoins leurs conclusions dans Le Mythe de Sisyphe et son athéisme prononcé l’écarte d’ailleurs de la plupart de ces courants, sauf peut-être justement le sartrien. Camus part également du constat de l’absurdité du monde, dont il fait un constat désenchanté. Témoin des atrocités dont sont capables les hommes, il peine à trouver l’existence d’une morale et de valeurs universelles et ne peut que conclure de l’absence de Dieu ou du moins de son désintérêt pour la race humaine (Le Malentendu). Il est très difficile de synthétiser la solution camusienne face à l’absurde car elle se constitue au fur-et-à-mesure de ses écrits et ne reste jamais parfaitement stable. Disons simplement que Camus prône une confrontation face à l’absurde, c’est-à-dire une reconnaissance de l’absence de sens de la vie pour pouvoir ensuite accepter de mener une existence de jouisseur. Camus est un grand défenseur du carpe diem, c’est-à-dire de profiter pleinement de chaque instant présent sans se soucier de leur utilité finale. Mais attention, ce n’est pas pour autant qu’il défend une passivité totale de l’individu, bien au contraire. L’acceptation de l’absurde est pour Camus le préalable à l’aboutissement de sa pensée et de l’humanisme : la révolte.

Il est ainsi déjà possible de voir certaines similarités entre les deux philosophes, chacun fait le constat de l’absence de valeurs et de sens, chacun reconnaît l’omniprésence de l’absurde et chacun réfléchit à un moyen d’y résister. Mais c’est justement dans cette notion de « moyen » que la fracture se crée. Et pour comprendre cela il est temps d’aborder les deux œuvres à l’origine de la querelle : Les mains sales et Les Justes.

Ces deux pièces, respectivement écrites par Sartre et Camus, ont un synopsis assez similaire. Elles narrent l’histoire de révolutionnaires communistes qui ont pour mission d’assassiner un ennemi à leur cause ce qui va à chaque fois questionner le bien-fondé des actions des personnages. Dans Les mains sales¸ Hugo, jeune bourgeois membre du parti révolutionnaire d’Illyrie avide d’action et de se détacher de sa classe sociale d’origine, se voit confier la tâche de tuer Hoederer un haut cadre du parti soupçonné de trahison. Se faisant passer pour son secrétaire, le jeune homme finit par s’attacher à Hoederer et ne peut se résoudre à le tuer au nom du parti. Mais quand il surprend sa femme dans les bras de son mentor il trouve le courage nécessaire pour presser la détente. A la fin de la pièce, alors qu’Hugo est sorti de prison, il apprend que le parti a retourné sa veste et s’est finalement rattaché à la ligne de feu Hoederer. On laisse alors le choix à Hugo d’avouer que son crime était uniquement passionnel et non politique, sans quoi il sera considéré comme un traître et exécuté par le parti. Hugo refuse et préfère choisir la mort. Les Justes s’inspire de l’histoire d’un groupe de révolutionnaires russes qui, en 1905, commit un attentat à la bombe afin de tuer le grand-duc Serge. La pièce se concentre sur Yanek qui se porte volontaire pour lancer la bombe afin de prouver sa détermination sans faille, mais qui flanchera le moment venu après avoir vu le visage des enfants du grand-duc. Il aura cependant une nouvelle chance et ne se ratera pas. Emprisonné et condamné à mort, il refuse l’offre de grâce de la duchesse car à ses yeux il n’a commis aucun crime.

Ces deux pièces ont pour fonction principale de synthétiser la vision des deux auteurs sur la lutte contre l’oppression. Sartre défend que la fin justifie toujours les moyens, c’est d’ailleurs pour cela qu’il soutiendra l’URSS pendant des années, tandis que Camus rejette obstinément cette position en condamnant l’absolutisme dont font preuve les révolutionnaires. Ce dernier réitérera alors sa condamnation de la vision sartrienne quelques années plus tard dans L’Homme révolté, un essai magnifique, peut-être sa plus belle œuvre, qui mettra le feu aux poudres dans sa relation avec Sartre. L’existentialiste ne pardonnera jamais la thèse de l’essai qu’il critiquera, moquera voire insultera avec virulence dans sa revue Les Temps Modernes et par l’intermédiaire de la plume d’amis philosophes et critiques. Camus quant à lui n’oubliera jamais la violence et le harcèlement dont il fut la victime à cause de Sartre et les deux anciens amis ne s’adresseront plus la parole de leur vivant.

« Moi j’ai les mains sales. Jusqu’aux coudes. Je les ai plongées dans la merde et dans le sang. Et puis après ? Est-ce que tu t’imagines qu’on gouverne innocemment ? »

Les mains sales, SARTRE

Cette réplique de Hoederer qui intervient à la fin de la pièce est la plus célèbre des Mains sales. Elle catalyse à elle seule la position de Sartre sur l’URSS, sa critique de la bourgeoisie révolutionnaire et donc idéaliste mais également les futures accusations de Camus. Nous sommes vers la moitié de la pièce, à ce moment-là Hugo a appris pourquoi le parti souhaitait la mort de Hoederer. Ce dernier souhaite s’allier au régent du pays ainsi qu’à la droite nationaliste afin de repousser définitivement l’envahisseur nazi (l’action se déroule en 42-43) mais aussi pour permettre au pays d’échapper à une future annexion totale par l’URSS. Hugo ne comprend pas cette position qu’il perçoit comme une trahison terrible, les communistes ne pouvant pas s’allier aux partis bourgeois et n’y voit qu’une manœuvre politique visant à avantager la carrière de Hoederer. Ce dernier se moque alors de la naïveté et du manichéisme de son secrétaire, lui expliquant qu’il est souvent nécessaire de trahir ses idéaux pour in fine atteindre le but voulu. La fin justifie toujours les moyens et ceux-ci ne peuvent se permettre de traîner des boulets comme les principes et les idéaux : « Il n’y a rien à prouver, tu sais, la Révolution n’est pas une question de mérite, mais d’efficacité ; et il n’y a pas de ciel. Il y a du travail à faire, c’est tout ». C’est d’ailleurs Hoederer qui finit par accuser Hugo, lui reprochant de ne pas être capable d’offrir une alternative valable et concrète. On croirait presque entendre le Créon d’Anouilh.

« Pour dire oui, il faut suer et retrousser ses manches, empoigner la vie à pleines mains et s’en mettre jusqu’aux coudes. C’est facile de dire non »

Antigone, Anouilh

Toutefois pour Camus cette vision est extrêmement dangereuse et incarne les limites de l’existentialisme sartrien que Czeslaw Milosz avait déjà bien cerné dans La pensée captive. Parce qu’elle est une philosophie de l’action qui rejette la préexistence de tout repère moral, l’existentialisme sartrien justifie, quand il ne risque pas d’en créer de nouveaux, les mouvements totalitaires qui tout compte fait n’incarnent qu’un choix d’existence parmi d’autre. L’absolutisme sartrien serait finalement du totalitarisme, preuve en est l’énergie déployée par son auteur pour justifier et défendre les horreurs commises par l’URSS. Cet extrait des Justes résume bien la contestation de Camus :

Skouratov (IV) : « On commence par vouloir la justice et on finit par organiser une police. » 

« Une idée peut tuer un grand-duc, mais elle arrive difficilement à tuer des enfants. Voilà ce que vous avez découvert. Alors une question se pose : si l’idée n’arrive pas à tuer les enfants, mérite-t-elle qu’on tue un grand-duc ? »

Nous avons donc traité, de manière non-exhaustive, la mise en tension classique entre ces deux pièces. Cependant, s’arrêter là serait commettre une grossière erreur car l’opposition entre Hoederer, Hugo et Yanek est loin d’être aussi manichéenne qu’elle ne l’est généralement présentée. Je m’aventurerais même à dire qu’il est possible de trouver plus de points communs entre leurs visions que de divergences. Car tout compte fait, Les mains sales et Les Justes prônent toutes les deux une philosophie visant un objectif semblable : libérer l’Homme et l’aimer.

Hoederer : « Tu n’en fais pas une affaire de principes ? Bon alors voici qui doit te convaincre : si nous traitons avec le Régent, il arrête la guerre ; les troupes illyriennes attendent gentiment que les Russes viennent les désarmer ; si nous rompons les pourparlers, il sait qui est perdu et il se battra comme un chien enragé ; des centaines de milliers d’hommes y laisseront leur peau. Qu’en dis-tu ? Hein ? Qu’en dis-tu ? Peux-tu rayer cent mille hommes d’un trait de plume ? »

Hugo : « On ne fait pas la révolution avec des fleurs.  S’ils doivent y rester… »

Hoederer : « Eh bien ? »

Hugo : « Eh bien, tant pis ! »

Hoederer : « Tu vois ! tu vois bien ! Tu n’aimes pas les hommes, Hugo. Tu n’aimes que les principes. »

Hugo : « Les hommes ? Pourquoi les aimerais-je ? Est-ce qu’ils m’aiment ? »

[…]

Hoederer : « Et moi, je les aime pour ce qu’ils sont. Avec toutes leurs saloperies et tous leurs vices. J’aime leur voix et leurs mains chaudes qui prennent leur peau, la plus nue de toutes les peaux, et leur regard inquiet et la lutte désespérée qu’ils mènent chacun à son tour contre la mort et contre l’angoisse. Pour moi, ça compte un homme de plus ou de moins dans le monde. C’est précieux. Toi, je te connais bien, mon petit, tu es un destructeur. Les hommes, tu les détestes parce que tu te détestes toi-même ; ta pureté ressemble à la mort et la révolution dont tu rêves n’est pas la nôtre : tu ne veux pas changer le monde, tu veux le faire sauter. »

Les mains sales (V,3), Sartre

Stepan : « Quand nous nous déciderons à oublier les enfants, ce jour-là, nous serons les maîtres du monde et la révolution triomphera. »

 

Doria : « Ce jour-là, la révolution sera haïe de l’humanité entière. »

 

Stepan : « Qu’importe si nous l’aimons assez fort pour l’imposer à l’humanité entière et la sauver d’elle-même et de son esclavage. »

 

Doria : « Et si l’humanité entière rejette la révolution ? Et si le peuple entier, pour qui tu luttes, refuse que ses enfants soient tuées ? Faudra-t-il le frapper aussi ? »

 

Stepan : « Oui, s’il le faut, et jusqu’à ce qu’il comprenne. Moi aussi, j’aime le peuple. »

Les Justes (II), Camus

Ces extraits montrent bien que la dualité entre Camus et Sartre est plus nuancée qu’il n’y paraît car tous deux, s’ils défendent à véhémence leur vision de la révolte et de la révolution le font pour un même objectif : défendre l’homme. Hoederer fait remarquer avec brio à Hugo que ce dernier, trop aveuglé par ses idéaux en vient à oublier la cause première de ce combat et se retrouve prêt à défendre le massacre de milliers d’individus. En 1948, date de parution des Mains sales Sartre n’est pas encore aussi arcbouté et fermé d’esprit qu’il sera plus tard, il reste conscient des dangers du jusqu’au boutisme surtout quand celui-ci est la traduction d’un fanatisme pour une idéologie quelconque. Ce que lui et Hoederer prônent avant tout, c’est le pragmatisme. Mais justement, c’est cette approche froide, presque rationnelle, que Camus rejette à son tour avec ses « justes ». Car pour Camus la révolte (à ne pas confondre avec la révolution qui n’a qu’une connotation péjorative chez Camus), est la plus belle preuve d’amour que les hommes puissent se faire entre eux. C’est l’acte humaniste par excellente, celui qui donne une valeur à l’humanité. Pour comprendre cela il faut aller du côté de L’homme révolté où le prix Nobel détaille les sources d’une révolte. Un homme décide de se retourner contre son oppresseur uniquement lorsqu’il atteint un niveau d’insulte/de violence si extrême qu’il considère que plus jamais un homme ne devrait subir un tel sort. Il y a révolte lorsque qu’une frontière a été franchie, celle de l’humanité, le révolté clame le droit de ne pas être opprimé au-delà de cette frontière, il va se battre non pas pour lui mais pour la condition humaine : « Je me révolte donc nous sommes ». Voilà pourquoi un « Juste » ne peut pas tuer des enfants, car sinon il trahirait l’humanité toute entière, il ne serait plus un champion de la liberté mais un vulgaire criminel comme un autre. Sartre est prêt à sacrifier des vies innocentes pour ce que l’on pourrait qualifier de plus grand bien tandis que Camus refuse qu’un révolté puisse se résoudre à pareil calcul, le bien visé étant immédiatement éclaboussé du crime commis en son nom. On retourne donc in fine à la rupture entre les deux philosophes, un gouffre qui ne cessera de s’agrandir au fil des années poussant notamment Sartre dans un extrémisme hautement critiquable dont il cherchera lui-même à s’absoudre plus tard. Mais pour l’heure il est encore convaincu de la justesse de son positionnement. Comme Camus il se bat car il aime les hommes mais il prêt à perdre son humanité pour sauver ses congénères, chose impensable pour son rival. Pour bien saisir le jugement qu’ils portent aux exactions commises au nom d’une « bonne » cause, il est temps de se pencher sur les fins respectives des deux pièces.

A la fin des Justes, Yanek est emprisonné pour le meurtre du grand-duc Serge et est condamné à mort. Alors qu’il attend son heure dans sa cellule, la veuve de l’homme qu’il a tué vient à lui avec l’opportunité de ressortir libre. Pour cela, il doit seulement reconnaître son crime, chose impossible pour le révolutionnaire qui ne comprend pas de quoi parle son interlocutrice : « Quel crime ? Je ne me souviens que d’un acte de justice ». S’il affirmait avoir commis un crime il rendrait caduc tout le combat de son groupe d’amis révolutionnaires, il jetterait l’opprobre sur leurs noms et les condamnerait à devenir de simples terroristes et non plus des justes. C’est pourquoi il préfère la corde à la criminalité, la justice à la honte. Cette fin est une prémisse de la dernière partie de L’homme révolté qui fut sûrement celle qui déclencha le plus l’ire de Sartre. Camus n’est pas naïf et c’est bien que pour lutter contre l’oppression il faudra souvent insulter, agresser ou tuer. Mais cela ne doit pas alors servir de prétexte aux révoltés pour multiplier les exactions dans l’impunité la plus totale. Bien au contraire, il faut comprendre cela comme une barrière à jamais franchir afin de s’assurer de rester juste : « Plus la révolte a conscience de revendiquer une juste limite, plus elle est inflexible ». La violence ne doit être que relative et ne peut donc que s’exprimer au moment de l’insurrection, c’est-à-dire une violence nécessaire pour répondre à une autre forme de violence. Mais cette violence doit rester personnelle et être assumée, exactement comme le fait Yanek qui accepte la corde sans broncher : il a tué et doit donc répondre de son acte mais cela ne fait pas de lui un criminel.

Sartre ne pardonnera jamais cette vision qu’il raillera et considérera typique d’un intellectualisme bourgeois bien trop naïf et déconnecté de la réalité. Il condamne d’ailleurs ces révolutionnaires russes dans sa pièce en les qualifiant « d’intellectuels anarchistes ». La violence en temps de révolution n’a pas à être jugée comme en temps de paix, cela serait anachronique et une perte de temps inutile. Tant que la violence est commise au nom de la cause, du bien visé, elle est justifiée et proportionnée. On remarque ainsi que tout l’enjeu de sa pièce n’est pas de savoir si oui ou non Hugo a tué Hoederer mais pour quel motif. S’il s’agit d’un meurtre passionnel le parti n’aura rien à dire et Hugo sera sauf mais s’il s’agit d’un crime politique alors il sera considéré comme le traître de la pire espèce qui soit. C’est pour cela que Sartre fait d’Hugo un meurtrier politique, ce dernier a tué au nom de sa vision de la révolution au nom de ses principes, Hoederer est quant à lui mort pour être resté fidèle à sa vision de la cause, à ses principes également. Ainsi aucun des deux n’est condamné par Sartre, celui-ci se range du côté des deux et en fait des martyrs de la révolution. Ils sont morts au nom de leur amour pour la cause et ont assumé jusqu’au bout leurs convictions. Sartre souhaite une solution intermédiaire : une philosophie politique qui unira l’humanisme et le sens de la responsabilité d’un Hoederer avec l’attitude non-compromettante, la capacité de dire « non » d’un Hugo. La fin tragique, qui est caractérisée par une sorte d’unisson métaphysique entre Hugo et Hoederer (Hugo offre sa vie en honneur de la personne de Hoederer et en même temps proteste contre la politique de ce dernier) où ces deux personnages se fondent ensemble.

Avec ces deux fins il est donc possible de voir que les visions de Camus et de Sartre n’ont jamais été aussi éloignées qu’elles ne semblent en même temps si proches. Les deux philosophes ne prônent finalement qu’une seule chose : la dignité humaine. Rester fidèle à ce pour quoi l’on se bat, défendre ce qui semble juste et surtout ne pas se trahir soi-même. Ils partagent ainsi tous deux la même fin mais prennent des chemins diamétralement opposés pour y parvenir. Qui des deux avait raison ? Aujourd’hui encore le débat n’a pas été résolu, l’opposition Camus/Sartre continue de faire rage tant au niveau philosophique que politique (prenez la lutte contre le terrorisme par exemple) sans qu’aucune réponse réellement satisfaisante ait émergé des deux côtés. Mais peut-être qu’il n’a jamais été question de trouver la solution à cet épineux problème, peut-être qu’il s’agissait surtout de converger vers un même objectif : se battre pour l’homme. Parce qu’Albert Camus et Jean-Paul Sartre se sont révoltés, nous sommes.

Dr Freud

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