Publié en 1941, Le Silence de la mer est le texte inaugural des Editions de Minuit, fondées de manière clandestine durant l’occupation. Ce court texte d’une cinquantaine de pages décrit justement l’occupation allemande vécue par une jeune fille et son oncle, qui se voient contraints d’héberger sous leur toit un jeune officier allemand. Face à l’ennemi, ils décident de résister par le silence. Débute alors un monologue quotidien pour Werner von Ebrennac qui démontre jour après jour sa culture, son amour de la France, ses valeurs humanistes et pacifistes, mais aussi une certaine naïveté, jusqu’à briser petit à petit les murs de la famille française.
– « Les Anglais, reprit-il, on pense aussitôt : Shakespeare. Les Italiens : Dante. L’Espagne : Cervantès. Et nous tout de suite : Goethe. Après, il faut chercher. Mais si on dit : et la France ? Alors, qui surgit à l’instant ? Molière ? Racine ? Hugo ? Voltaire ? Rabelais ? ou quel autre ? Ils se pressent, il sont comme une foule à l’entrée d’un théâtre, on ne sait pas qui faire entrer d’abord.
Il se retourna et dit gravement :
– Mais pour la musique, alors c’est nous : Bach, Haendel, Beethoven, Wagner, Mozart… quel nom vient le premier ? Et nous nous sommes fait la guerre ! Mais c’est la dernière ! Nous ne nous battrons plus : nous nous marierons ! »
Une petite lecture de 30 minutes environ, mais un message et des personnages qui resteront gravé longtemps dans votre esprit.