Fantasy
Les Enfants de Húrin est un roman de J.R.R. Tolkien faisant originellement parti de l’ensemble des Contes et légendes inachevés qui sera finalement complété par son fils et que je considère comme le plus grand écrit de l’auteur avec Le Silmarillion !
D’abord pensé comme un poème épique en hommage à Beowulf – poème anglo-saxon qui fut l’inspiration première de l’œuvre de Tolkien – les vers seront finalement transformés en proses à la vue de la taille du récit. Le roman raconte comment Morgoth, divinité déchue s’étant installée en Terre du Milieu et maître de Sauron, parvint à vaincre la première alliance entre les elfes, les nains et les hommes et fait prisonnier le valeureux guerrier Húrin. Ce dernier, après avoir résisté à Morgoth et refusé de se soumettre, reçoit comme punition d’être un spectateur impuissant du sort que le Valar a réservé à ses enfants, Túrin et Niënor qui, maudits, finiront par commettre l’inceste après une existence marquée par la violence.
Les Enfants de Húrin est un monument de l’œuvre de Tolkien et malgré son affiliation aux récits de la Terre du Milieu, il se démarque considérablement des autres écrits. Le roman est en effet avant tout une transcription des mythes grecs dans l’univers de l’auteur britannique où le thème prédominant sera donc la question de la fatalité. Le récit est donc plus à rapprocher d’Œdipe et d’Antigone que du Seigneur des Anneaux. Il s’agit clairement de l’œuvre la plus sombre de Tolkien où la mort et les péchés sont omniprésents et participent à créer une atmosphère étouffante pour le lecteur qui comme Hurin ne peut que rester passif face aux choix tragiques des enfants maudits qui ne connaîtront presque jamais un instant de répit. Présenté à tous comme sauveur de la race humaine Túrin reste avant tout un jeune homme fasciné par les combats et les femmes faisant de lui une personne violente et irréfléchie incapable de protéger ceux qu’il aime ni de rester fidèle à ses amis et ceux qui l’ont recueilli.
Néanmoins soyez rassuré, le livre n’est pas que dépressif et comporte son lot de batailles épiques ainsi que d’affrontements spectaculaires face à des dragons tout en enrichissant l’univers déjà très fourni de Tolkien. Car il me semble important de rappeler que le récit se déroule à une période décisive de l’histoire de la Terre du Milieu, celle où Morgoth renforce son étreinte maléfique sur la Terre du Milieu en anéantissant au passage la quasi-totalité des cités elfiques annihilant les derniers espoirs des peuples qui ont refusé de se soumettre. Ainsi, si vous êtes un fan du lore de Tolkien je ne peux que vous empresser d’aller lire ce récit qui conclue le destin de nombreux personnages importants.
Les Enfants de Húrin est donc un ouvrage que je ne peux que recommander à tous les lecteurs amateurs de mythes, qu’ils connaissent ou non les autres écrits de Tolkien, tant on a l’impression de lire une nouvelle tragédie de Sénèque mais en prose. Le roman est un poème macabre traitant de l’impuissance des hommes face aux divinités immortelles qui jouent avec notre destin pour leur bon plaisir sans se soucier des conséquences terribles de leur activité de marionnettiste.